Page:Yver - Monsieur Dominique.djvu/19

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Jusque-là, M. X., qui a quelques loisirs, s’installe sur un banc parmi ses fleurs, tire de sa poche un petit livre vert, et tandis qu’en face Septentrion ronronne, il s’imprègne de poésie…

Le déjeuner est des plus corrects ; droit et raide sur sa haute chaise, M. X. a pour vis-à-vis la noire figure de Septentrion, et Cresphonte le sert avec toute l’habileté d’un domestique bien stylé… La morue répand alentour une bonne odeur d’ail et d’huile plus qu’appétissante ; c’est aujourd’hui, par un nouveau procédé, que le nègre l’a cuite ; M. X. approuve, et tout est parfait.

Le repas achevé, M. X. sort de nouveau, et fait ses trois petits kilomètres, de long en large, dans l’allée sablée qui partage le parterre en deux parties égales. Puis, lorsque cette promenade le lasse, il reprend son banc, saisit une baguette, et, machinalement, trace des lignes sur le sable d’or.

Le sable est mou, la baguette effilée ; elle s’enfonce et laisse un trait profond sur son passage ; mais voici que les lignes prennent forme ; elles s’arrondissent, deviennent plus nettes, et un profil d’homme se dessine vis-à-vis de M. X.

— Morbleu qu’ai-je fait ! se dit l’auteur