Page:Yver - Monsieur Dominique.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sent naître. L’homme est un animal fourbe et méchant qu’il faut fuir, puisqu’on ne peut pas le chasser comme un tigre qu’il est. Toi, mon ami, lorsque tu croques une souris, tu es simple et naïf au point de me ravir, et tu fais de bonne besogne, dans l’ordre naturel ; mais quand l’homme qui sait lire, écrire et compter, bachelier et philosophe, vous trompe avec son exquis sourire et vous ment en pleine face, ma foi, mon brave Septentrion, je sens que mon sang bout dans mes veines, et je me réfugie en ta noire compagnie.

Mais voici que du chemin rural s’élèvent des cris de joie, des chansons, une explosion de gaieté c’est la bande écolière échappée de l’école ; et M. X., dont les théories semblent vacillantes, quoique bien exprimées, s’émeut et pâlit, parce que des enfants, cette graine de fourbes, de tigres, de scélérats, chantent une vieille ronde devant sa porte.

Il rentre. Septentrion le suit. Ensemble et d’un pas lent, ils gravissent l’escalier. On sent le tabac par ici. M. X. ouvre son appartement et fait bondir Cresphonte, qui, ayant volé un cigare à son maître, le fume, voluptueusement étendu sur le lit de celui-ci.