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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/114

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princesses de science

examens, dans l’espoir de saisir, par hasard, une « colle » d’Herlinge. Plus timidement, derrière, se tenait un groupe d’étudiantes russes misérablement vêtues, qui se penchaient, avides, craignant d’être frustrées d’un mot de la leçon. Et pesamment, derrière le frêle petit homme blanc à la toque noire, de lit en lit, la masse se déplaçait, accomplissant par toute la salle — groupe de graves et pieux fidèles — les stations d’un étrange chemin de croix.

À la fin, Thérèse appela à mi-voix :

— Mademoiselle Skaroff !… Où est donc mademoiselle Skaroff ?

La religieuse, à son tour, cherchant des yeux la jeune fille dans la foule qui se disloquait, répéta :

— Mademoiselle Skaroff ! c’est madame Guéméné qui veut vous parler.

Mais Pautel, flegmatique, souriant à demi, répondit d’une voix lente et douce :

— Mademoiselle Skaroff est partie.

Furtive, prudente comme un pauvre animal poursuivi, invisiblement elle s’était dérobée. On la cherchait encore que, sans bruit, avec l’angoisse d’être rappelée, elle se hâtait aux dernières marches de l’étage. Puis elle fuyait par le corridor des entrées, traversait le parvis Notre-Dame, et s’acheminait, sans oser détourner la tête, vers sa chambre meublée de la rue Cujas.

Et c’était presque toujours ainsi qu’elle quittait l’hôpital, depuis que dans la rue, de loin, Pautel, un jour, l’avait suivie. Elle avait peu d’estime pour