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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/297

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princesses de science

réenne aux méplats polis, au regard profond et rêveur.

— Tiens ! lança Thérèse dans son langage d’étudiante, le patron !

Légèrement myope, il ne les reconnut pas tout d’abord. Mais quand, à la fin du déjeuner, Thérèse et son mari vinrent en riant le surprendre, il demeura froid et comme ennuyé de cette rencontre. Avec cette déférence que, dans le monde savant, les plus modestes ou les plus jeunes conçoivent toujours pour les anciens et pour les maîtres, le médical ménage resta dans les limites d’une civilité discrète. Après avoir pris congé, Thérèse, s’approchant de ses jeunes amies les étudiantes russes, leur désigna le grand homme :

— Tenez, c’est lui, Boussard !

Avidement, elles le dévisagèrent, comme un dieu qui leur eût été dévoilé soudain. Et Thérèse s’en fut chercher dans sa malle le dernier tome de thérapeutique qu’il venait de publier. Penchées les unes sur les autres, dans le salon de lecture, elles passèrent l’après-midi à feuilleter le volume que Thérèse commentait doctement.

Le soir, au dîner, des places se trouvèrent libres près de Boussard. Les Guéméné en auraient volontiers profité ; mais, ne s’y sentant pas invités par le désir du maître, ils s’attablèrent à l’écart. C’était déjà l’automne, la nuit venait hâtivement : on dînait à la lueur des lustres. L’or des lambris se reflétait dans les glaces. Les fruits de septembre