Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/118

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monde avait trouvé Giuseppa juchée en place de celle qu’elle venait de si bien détrôner, Giuseppa que l’énormité de son crime avait stupéfiée au point de lui enlever la force de descendre.

Après un regard de regret jeté sur les débris de ce qui avait été une œuvre d’art si parfaite, Annette ne put s’empêcher de rire ; Giuseppa, ses sœurs, les bonnes, avaient chacune une attitude tellement hilarante, que le comique de la situation l’emportait sur la gravité de l’accident. Les quatre servantes, fort choquées de cette gaîté intempestive, qui ne les étonnait qu’à demi de la part d’une créature de la race d’Annette, relevèrent les morceaux de marbre qu’elles disposèrent en un tas près du principal fragment de la statue, puis elles se retirèrent.

Alors, dans son copieux langage toscan, inintelligible à la créole, la fiévreuse Vittoria commença une mercuriale mémorable à l’adresse de sa cadette. On y sentait une fureur incontestable, et de sanglants reproches, et des menaces, et des lamentations, et de l’ironie, et du pathétique : tous les ressorts de l’éloquence méridionale, quand elle est mise en jeu par un sentiment vif.

Et soudain, l’impassible Giuseppa, qui avait tout écouté d’un air glacial, s’émut aux paroles de sa