Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/119

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sœur ; ses paupières orgueilleuses s’abaissèrent, et les larmes lui vinrent, timidement d’abord, une à une, puis à flots ; puis ce fut le tour des sanglots, puis du dramatique désespoir, tumultueux et affolé, qui est le propre des natures chaudes. Elle bondit à terre d’un saut léger, et vint s’affaisser, le visage contre un canapé, son petit corps tout secoué de la convulsion des larmes.

Annette s’approcha, les larmes aux yeux elle aussi maintenant. Elle était ainsi faite que les torts de celui-ci ou de celle-là la laissaient indifférente, et qu’elle ne refusait sa sympathie à n’importe qui,. pourvu que ce n’importe qui eût quelque peine.

« Vous avez été dure pour elle, Vittoria », dit-elle.

Vittoria la fixa de sa prunelle étrange, où brûlaient dans cette minute-là bien d’autres pensées que celles du marbre mutilé, sa prunelle subitement adoucie pour regarder la créole

« Je n’ai pas été trop dure, répondit-elle ; je remplace ici notre mère près de mes sœurs, et j’ai dit à Giuseppa ce que notre mère lui aurait dit si l’enfant avait fait devant elle ce qu’elle vient de faire et qui va peut-être causer notre départ. »

Et comme Annette l’interrogeait de sa mine surprise :