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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/120

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« Croyez-vous que Mme de Bronchelles veuille garder chez elle une petite fille qui, pour se venger d’un ordre donné, brise les objets auxquels elle tient le plus ? Si encore nous pouvions remplacer cette statue ! mais elle est d’un prix énorme et nous n’avons, nous, qu’une petite fortune qui ne permettra pas à nos parents de faire cette dépense. Aussi faudra-t-il se résigner à la honte d’être chassées. »

Annette se mit à rire.

« Et c’est tout ? dit-elle, rien qu’une question d’argent ? Vous croyez qu’on trouverait une statue pareille ?

— Ce n’est qu’une copie, elle a pu être reproduite. Venez alors, dit la créole, venez vite. »

Puis elle entraîna de force Giuseppa qui se raidissait et, dans sa chambre, elle commença par la calmer en l’inondant d’oranges, de dattes et de confitures ; ensuite, sous les yeux de Vittoria stupéfaite, elle ouvrit un coquet portefeuille de cuir odoriférant qui regorgeait de billets de banque. « Prends, lui avait dit là-bas M. Maviel, mets là-dedans tout ce que tu pourras et sois heureuse ; quand ce sera dépensé je serai encore là. » C’était l’occasion d’être heureuse ; elle vida le contenu du portefeuille sur la table.