Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/123

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moiselle Café au lait, nous allons vous accompagner », on sentait un nouveau sentiment, qui tenait de la cordialité, de la sympathie et de la déférence. Était-ce le nuage d’or, planant autour d’Annette, qui l’avait tout à coup métamorphosée à leurs yeux de Britanniques, ou bien sa bonté qui, s’insinuant peu à peu, avait enfin touché leur cœur de jeunes filles ? À partir de ce jour, leurs poignées de main devinrent plus chaudes, leurs sourires discrets plus fréquents, et leurs lèvres moins dédaigneuses, quand elles tournaient vers Annette leurs jolies figures de chromos frais. Il y avait dans la quarteronne un rayonnement mystérieux, qui orientait de force les cœurs vers elle.

Pendant que ces scènes se passaient chez elle, Mme de Bronchelles poursuivait sa route vers Paris en compagnie d’Ogoth Bjoertz, que l’heure importante qui se préparait pour elle laissait dans sa noble placidité. Il semblait qu’elle fût indifférente à l’examen où se jouait son intense ambition, et que c’en fût une autre qui le passât à sa place. C’était l’excès de sa maîtrise d’elle-même, que de se montrer toujours au-dessus des événements les plus poignants ; et même durant ce trajet, où il n’y aurait dû exister pour elle d’autre préoccupation que celle de cette épreuve suprême de ses études,