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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/131

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sance, et si l’un de ces messieurs de la Faculté avait bien voulu dans l’instant mettre sa tête sous le talon de l’une d’elles, il aurait vraisemblablement subi un triste sort. Les Anglaises mangeaient sans rien dire ; Gertrude avait tout d’un coup perdu son appétit, et de grosses larmes discrètes roulaient dans les yeux d’Annette.

Le carillon menu de la sonnette retentit dans le jardin sans qu’on le remarquât ; des préliminaires de visite eurent même lieu, sans que la distraction, générale ce soir-là, laissât y prendre garde. Aussi fut-ce une vraie surprise, quand une bonne annonça que M. Nouvel était là.

« Qu’il entre, dit Mme de Bronchelles, nous n’avons pas faim ce soir, il nous mettra en train. »

Et il entra, dans toute sa séduction princière qui pénétra l’âme d’Annette comme un coup de la grâce divine, et qui l’anéantit une seconde fois devant celui qu’elle aimait. Ses cheveux bistrés luisaient d’un éclat exotique, la lumière brutale de l’électricité accentuait l’intelligence de chacun de ses traits et sa pâleur spéciale aux hommes de travail ; il était vêtu d’amples vêtements noirs flottants, cette coupe large que portent bien les gens de talent ; et il s’avança ainsi, souveraine-