Aller au contenu

Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/133

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

savez que le petit frère va tout à fait mal ; il y a eu une consultation, je crois que c’est la fin. »

Il y eut autour de la table une exclamation douloureuse. Cet enfant malade, et son frère vivant à ses genoux, avec leur deuil récent, leur touchant amour fraternel, la réserve un peu timide dans laquelle ils se tenaient, étaient profondément sympathiques à la jeunesse de la villa du Sphinx ; on s’intéressait au mieux du petit Étienne comme à la carrière de l’aîné, d’apparences si brillantes et qui restait suspendue à la santé de l’enfant. L’idée de la mort du petit frère était épouvantable.

« Qu’a-t-il donc, ce petit ? demanda Annette la voix toute altérée.

— Mon Dieu, mademoiselle, je ne sais trop, dit Nouvel ; Mlle Bjoertz vous expliquerait cela mieux que moi ; c’est une mauvaise maladie des os ; imaginez ce petit corps disloqué, déformé, et si atrophié, que le petit cercueil qu’il lui faudra n’aura pas besoin d’être plus grand que cela. »

Et il mesurait sur la table, entre ses deux mains, un étroit espace.

« Ce ne sera plus maintenant qu’une affaire de temps, poursuivit-il, traduisant dans sa pitié la compassion des autres, par l’habitude qu’ont