Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/145

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forces faire entrer un peu d’air dans les pauvres poumons étiolés, et, malgré le froid, on sortait l’enfant que la terrible secousse avait écrasé dans ses oreillers comme un petit moribond. Il était inerte dans le creux du matelas ; et il eut cependant un sourire faible de malade, en apercevant ses grandes amies qui s’empressaient autour de lui.

« Que veux-tu que je t’achète, disait Giuseppa, un gâteau ? »

Il était devenu presque aphone ; il répondit d’une voix sourde :

« Je ne peux pas, j’ai promis à Henri de ne pas manger. »

Gertrude, le cœur plein de ses petits frères, avait pris dans ses mains celle de l’enfant qu’elle caressait rêveusement, comme on lisse l’aile d’un oiseau blessé ; toutes les jeunes filles, avec des voix adoucies, des mouvements silencieux, s’efforçaient de le distraire ; seule, Annette s’était écartée. Ce pauvre petit visage, ravagé par l’assaut récent de la mort, la bouleversait ; puis, elle avait peur d’effaroucher l’enfant qui l’avait à peine vue, et qui ne la reconnaîtrait peut-être pas : elles s’adressa à la servante.

« Il a été bien mal, n’est-ce pas ? Comment en est-il revenu ?