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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/146

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— Ah ! Mademoiselle, dit la vieille femme qu’on sentait remplie d’une émotion débordante, une émotion arriérée qui cherchait à se confier ; pour savoir cela, il faut avoir été comme moi dans cette maison. Tout le monde vous dira que ce sont les médecins qui ont guéri le petit, moi, je sais bien que ce n’est pas eux, que ce ne sont pas leurs consultations, ni leurs remèdes, ni leurs grands tralalas, mais M. Henri tout seul. Ce n’est pas qu’il ait dit grand’chose, le malheureux Monsieur, ni qu’il lui ait donné grand remède, puisqu’il n’a pas bougé, et qu’il est resté un jour et une nuit, sans boire ni manger, assis près du lit de son frère ; mais vous savez, il y a des choses qui ne se comprennent pas. À un moment — vous n’allez peut-être pas me croire, mais je vous jure bien qu’il y avait passé — c’était fini, plus un mouvement, plus un souffle, plus rien ; alors M. Henri s’est baissé, il l’a regardé d’une telle manière, mademoiselle, que c’est comme je vous le dis, l’enfant a remué ; et à partir de cet instant-là il s’est remis peu à peu. Ah ! ce n’est pas par ce que c’est mon maître, et que j’ai été sa nourrice, mais vous pouvez me croire, mademoiselle, il n’y a pas aujourd’hui deux jeunes gens comme celui-là dans tout le monde. »