Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/154

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en voulait à Nouvel pour sa façon d’agir ; elle trouva la leçon dure, mais méritée, car son aménité philosophique ne proscrivait pas absolument les justes représailles.

Seulement, le but de l’Italienne était en somme manqué. Elle avait voulu retourner son petit ongle empoisonné dans la plaie de l’écrivain, et sa boutade n’avait réussi qu’à faire une diversion à la contrainte latente dans le salon. Après elle, on causa moins aigrement et sans amertume. Le sujet changea, ce fut du petit Maréchal qu’on s’occupa. Puis Mme Nouvel s’en fut trouver les Anglaises.

« Miss Frida, dit-elle, chantez donc un peu ; ça le distrairait. »

Et Frida gagna nonchalamment le coin du piano, elle s’assit avec grâce, laissa tomber sa longue main aux doigts fuselés sur le clavier, et l’on entendit quelque chose de très mélancolique et de suave, les sons filés combinés de sa voix d’église et de l’instrument. Toutes ses amies se groupèrent autour d’elle avec la mère de Nouvel ; celui-ci s’en allait à son tour l’entendre, quand Mme de Bronchelles, trop heureuse de l’occasion d’un tête-à-tête, l’arrêta brusquement.

« Halte ! mon cher ami ; restons ici tous deux et causons.