Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/158

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fille. Si c’est une curiosité professionnelle qui m’a attiré vers la première, c’est du respect, de la joie religieuse qui m’a appelé à l’autre. Non, ma cousine, elle ne sera pas un vulgaire numéro de ma collection, votre mulâtresse ; ce n’est pas un froid calcul d’auteur qui m’enchaîne à son incomparable petite âme fraîche ; c’est une sympathie délicieuse, un intérêt nullement littéraire. Si je l’observe, je vous jure que c’est pour le seul plaisir de rencontrer enfin une vraie jeune fille, naïve, sincère, étonnée, profonde et mystérieuse. D’ailleurs, je vais vous faire voir que mon intérêt est plus qu’intellectuel, il est pratique, et agissant ; je lui veux du bien à cette enfant ; je lui veux tout le bonheur qu’on peut avoir en ce monde, pour l’attendrissement inconnu qu’elle m’a procuré. Vous m’avez chargé de la marier, je lui ai trouvé un mari, ma cousine ; un mari qui n’est peut-être pas ce que vous aviez rêvé pour elle, mais qui lui apporterait une adoration émue, un culte tendre, un rajeunissement miraculeux…

— André !… balbutia Mme de Bronchelles, c’est… c’est vous qui l’aimez…

— Pourquoi pas ? les cœurs les plus secs sont quelquefois touchés, et si l’on cherche bien, on trouve quelquefois de ces cœurs-là sous les