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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/159

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machines à penser et à écrire dans la catégorie desquelles vous avez bien voulu me classer. Eh bien ! oui, c’est vrai, j’ai rêvé de faire ma femme de votre Annette ; si le rêve n’est pas trop haut pour un vieux désabusé comme moi, qui m’étonne de toucher du doigt un bonheur tellement inattendu, un bonheur dont j’ai toujours nié l’existence. Vous remplacez son père, m’accordez-vous ?…

— Mon bon André, murmura-t-elle, des larmes plein la voix, mon pauvre ami, pardonnez-moi de vous avoir mal jugé, de vous avoir durement traité ; c’est que, voyez-vous, j’aime tant cette enfant, j’ai un tel souci de son bonheur, sa gaîté de petite fille heureuse est pour moi quelque chose de si sacré, que lorsque j’ai cru que vous alliez la décevoir par votre empressement de dilettante, je l’ai défendue méchamment, cruellement, comme un avare son trésor. Il est vrai que vous n’êtes pas l’époux rêvé pour elle ; votre célébrité, votre talent, votre personnalité, c’était trop pour ma petite perle, je n’aurais pas osé…

— Mais c’est moi qui n’ose qu’à peine vous dire mon vœu ; pensez donc ! elle est très jeune, moi je ne le suis plus ; c’est un petit ange de candeur, je n’ose pas prétendre au même titre…