Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/160

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— Faites donc le modeste, repartit Mme de Bronchelles, comme si vous ne saviez pas que vous êtes un joli parti, un gendre très souhaité, un mari de conte de fée. Soyez tranquille, allez, plus d’une jeune Parisienne, et peut-être plus encore de provinciales, se seraient appelées Mme Nouvel sans faire de façons ; et Joseph Maviel, mon ami d’autrefois, concevra un fameux orgueil quand je lui transmettrai votre demande. Comptez deux jours pour la réponse télégraphique ; jusque-là, je vous prie, soyez discret, qu’Annette ne soupçonne même pas votre sentiment.

— Tenez… vous voyez donc que vous craignez un refus.

— Mon cher ami, figurez-vous bien que depuis vingt-cinq ans je n’ai pas revu Maviel, que, depuis ce temps-là, le brillant marin d’autrefois, inévitablement mis au rancart par son mariage, a pu contracter des idées très particulières de solitaire, qu’enfin, votre propre valeur fait de vous un homme tout à fait à part, qui ne compte guère dans la phalange des gendres prévus ; pesez bien tout cela, et vous comprendrez qu’avant le oui définitif, qui reste encore incertain, il ne faut pas que la pauvre petite se doute…

— Elle ne se doutera pas, ma cousine… »