Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/163

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côté la personnalité indécise ; elle éprouvait un vif plaisir d’intellectuelle à surprendre le tête-à-tête de ces deux hommes, dont l’un valait l’autre dans le fond, et qui sortaient tous deux d’une crise où avait été ébranlé le nerf même de leur vie à chacun. Elle se plaisait à les comparer. Au premier abord, le prestige physique d’André Nouvel écrasait son ami. L’air opulent d’une maturité heureuse, le faciès bien caractérisé du type brun aux traits amples et délicatement modelés, avec la supériorité du vêtement riche, c’était tout ce qu’il fallait pour éclipser la vague figure du jeune normalien. Mais, à les regarder deux fois l’un près de l’autre, on voyait bientôt se dessiner la particularité de Maréchal, qui était, au rebours de celle de Nouvel, l’effacement du physique sous le moral. L’ossature un peu sèche du masque, le front bossué sous les cheveux demi-ras, l’orbite très cave de l’œil, et l’œil lui-même souvent muet, intermittent dans son expression, tout cela était des traits, insignifiants à première vue, mais qui laissaient transparaître la vigueur cérébrale, dédaigneuse de l’extérieur.

« Les femmes ont bien plus d’endurance poursuivit-il en se tournant vers Mme de Bronchelles, car c’était son mode de galanterie à