Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/168

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inoculés à ses livres. C’était après la lecture de ses petits volumes, écrits avec un charme féminin, dans une note toute vibrante d’émotion, qu’elle avait apprécié ce cœur d’homme, si sensible, et qu’elle s’en était formé un idéal très flatteur. Tout ce qui peut germer de délicat, d’aspirations insaisissables, dans une âme humaine impressionnable, il l’avait dévoilé au public avec un art infini, et, sans nulle honte, il avait dit tout ce qu’il y avait de bon en lui. À ses côtés, ce taciturne de Maréchal, froid et concentré, représentait les âmes vulgaires ; c’était avant tout un ignoré ; seulement, ce qu’il n’avait pas dit au public, ce qu’il avait dérobé à la foule banale, il le mettait en action, lui, silencieusement, dans le mystère de sa triste vie dévouée. Il appartenait à la famille des types quintescenciés que concevait Nouvel ; mais, tandis que l’écrivain les enfantait dans l’indolente rêverie de son cabinet, il les réalisait, lui, dans la vie pratique, il en peinait la douloureuse mission admirable.

Et à mesure que cette révélation se développait dans les réflexions de Mme de Bronchelles, elle pressentait la fragilité de cette valeur d’écrivain, à propos de cette pierre de touche du mariage qui essaye si bien les âmes, qui a si vite fait de