Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/173

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Sous le châssis de cette même porte, dans le salon, il y avait une chaise. Vittoria s’y assit nonchalamment, l’air d’écouter le chant de Frida, mais en réalité séparée seulement de Nouvel et de Maréchal par un mince pan de chêne. Elles se les représenta tout de suite, tels ils étaient, avec cette faculté merveilleuse qu’elle avait de reconstituer par le seul organe de son ouïe subtile des scènes invisibles, et aussi par la connaissance qu’elle avait de leurs habitudes à chacun. Nouvel devait être étendu à demi sur ce divan turc, où il trouvait le plus de volupté à la griserie légère de ses cigarettes. Le normalien était vraisemblablement debout devant lui, bougeant à peine de minute en minute, d’un pas. Seulement, au premier instant, la signorina eut la déception de s’apercevoir que leur conversation à voix basse lui était inintelligible à cause du bruit rival de la musique. Il n’y eut qu’une minute — pendant un pianissimo de Frida, si léger qu’on eût dit un instrument éthéré vibrant sous une plume — qu’elle entendit le mot mariage.

Aussitôt, par un effort inouï de volonté, elle s’isola de la romance, s’épuisant à ne recueillir d’autres bruits que ceux des mots intrigants qui se disaient à si peu de distance d’elle ; puis, le