Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/174

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diapason de la causerie monta. Les deux jeunes gens parlaient avec plus de chaleur à mesure qu’ils allaient.

« Il y a des hommes faits pour cela, mon cher, toi non, disait Maréchal. En général, oui, il faut y passer ; nous sommes des êtres de famille, incomplets jusqu’à l’association du mariage ; la femme, les enfants, cela nous achève, et aussi cela nous continue après la mort. Dans le cas ordinaire, je suis partisan du mariage, et je t’assure que pour moi…

— Parlons de toi ! répondait paresseusement Nouvel ; tu as beau jeu à prêcher le célibat, toi qui t’y obstines !

— Moi je ne me marie pas parce que j’ai autre chose à faire dans la vie, tu le sais bien, Nouvel. Autant que d’autres, j’aurais aimé un intérieur, une compagne, des enfants qui n’auraient pas été continuellement mourants sur leur petit oreiller ; mais tu sais bien, que diable !… Toi, c’est tout autre chose. Tu es un individu à part, bien plus personnel que collectif. Voyons, je te le demande, est-ce qu’une femme et des enfants te complèteraient, toi ? Est-ce qu’avec ton talent, l’ensemble de tes œuvres, tu n’es pas un homme bien achevé, bien fini, et est-ce que l’épouse que les