Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/176

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groupe des deux hommes. Elle écoutait maintenant avec passion.

« Tu es extraordinaire, Maréchal, répondait l’écrivain ; j’avoue que ta théorie est curieuse, et ma foi, je crois bien que je l’avais partagée moi-même jusqu’à ce jour. Mais aujourd’hui, vois-tu, mon vieux, j’ai compris mon erreur, et j’ai pris la décision redoutable après une mûre réflexion, crois-le bien. Je ne m’engage pas inconsidérément, j’ai vu net dans ma situation. Je viens, n’est-ce pas, de recevoir un affront terrible pour un auteur ; à la face du public, je suis déconsidéré et dérisoire ; je suis fini si je ne reprends pas un autre prestige. Vite un autre piédestal pour l’auteur Nouvel, tombé hier soir du sien ; n’importe lequel, mais il faut qu’il remonte, de quelque façon que ce soit ! Alors l’idée du mariage m’est venue comme un trait de génie ; un mariage de prince, un mariage à grands coups de cloche à la Madeleine, avec toute la grande pompe religieuse, depuis les hallebardiers jusqu’aux tapis sur la place ; un mariage avec une riche fille, mais un mariage qui attire les yeux ; non point avec la première bourgeoise millionnaire venue ; je voudrais une femme qui fît de mon salon un lieu d’élection et de sélection : car remarque que ce