Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/182

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pas qu’on sache que je suis venue. Aussi, tâchez, n’est-ce pas, de ne parler à qui que ce soit de ma visite, si c’est possible.

— Qu’y a-t-il donc ? dit en frémissant Annette, qui sentait l’angoisse inexplicable la serrer de plus près.

— Vous nous avez rendu l’autre jour un grand service, à mes sœurs et à moi, reprit Vittoria, de son air de femme faite qui réunissait en une ligne rigide le profil du nez et celui du front ; sans vous, je ne sais ce qui serait arrivé, et je vous ai promis de vous prouver un jour que je n’étais pas une ingrate. Aujourd’hui, l’occasion se présente de vous rendre service à mon tour ; je veux vous avertir d’un danger qui vous menace. Le hasard m’a permis ce soir d’entendre causer ensemble M. Maréchal et M. Nouvel, j’ai pu suivre tout ce qu’ils disaient. M. Nouvel annonçait à M. Maréchal qu’il allait se marier. Vous le saviez peut-être ? »

Annette se sentit défaillir. Elle n’eut que la force de secouer la tête négativement ; elle ne savait pas.

« Oui, il va se marier, continua Vittoria avec un art inouï, et je l’ai entendu donner ses raisons. L’échec de sa pièce, l’autre soir, vient de faire beaucoup de tort, paraît-il, à sa réputation ; il est