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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/185

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qu’il l’avait laissée de côté tout d’un coup, sans qu’il y eût personne pour l’avertir, elle, de sa cruelle erreur, ni pour l’ôter de son incertitude ; et ; elle savoura le plaisir qu’il y allait avoir à déchirer ici, dans le secret de cette chambre, son projet de bonheur, à défaire le mariage d’argent, infâme, qu’il préparait, à porter enfin un coup bien réel dans sa carrière trop heureuse, imméritée. Dans un accès de rancune noire, dont un être de sa race, seul, pouvait éprouver à ce point le délice, elle répondit à la poignante question de la créole :

« C’est vous… c’est vous, Annette, dont il convoite la fortune ; c’est votre type étranger qu’il lui faut pour motiver de jolies chroniques ; c’est de votre charme qu’il a besoin pour avoir chez lui des réunions littéraires ; et quand vous lui aurez donné tout cela, vous comprenez bien, quand vous lui aurez donné vos millions, votre particularité, votre esprit, alors peut-être… peut-être vous accordera-t-il que vous lui êtes agréable, cet homme charmant qui écrit de si tendres choses, qui distille l’amour dans ses livres, et qui ne sait pas ce que c’est ! Vous l’avez jugé jusqu’à présent comme tout le monde, n’est-ce pas, d’après ses œuvres menteuses et hypocrites ; maintenant, vous connaissez à vos dépens ce que vaut