Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/189

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et laissa venir une crise de larmes, à la fois nerveuse et attendrie.

« Comme elle l’aimait, elle aussi ! » se disait-elle.

Et elle pleura ainsi longtemps tout un arriéré d’émotions, de rancunes, de colères, de mouvements d’affection refoulés, jusqu’à ce qu’un sourire glissât sur ses lèvres ; et ce fut dans ce sourire étrangement pervers qu’elle s’endormit, en pensant aux mauvais jours, tissés de ses mains, qui se préparaient pour André Nouvel, dont elle avait le sens, maintenant, d’être bien vengée.

Annette, elle, cette nuit-là, ne s’endormit pas.

À peine Vittoria eut-elle refermé la porte, qu’elle s’en fut prendre le livre jaune, mystérieusement caché dans sa chambre, le dernier volume de Nouvel, L’Histoire du moine Herménégilde, et elle le serra dans ses petites mains avec un frisson de douleur. Le cher nom était écrit au coin, elle en pénétra ses yeux brûlés par les larmes ; mais elle avait beau faire pour ressusciter l’ancienne magie que ces lettres-là avaient pour elle, elle sentait s’évanouir le culte et l’enthousiasme qui s’avivaient autrefois en elle, chaque fois qu’elle les lisait. Elle l’aimait encore, malgré tout, et son image flottait toujours délicieusement dans sa