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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/193

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elle disait à la Vierge qu’elle l’aimait, et qu’elle avait aimé l’autre ; elle lui promettait que c’était maintenant fini, que la terre est un lieu de martyre, et qu’elle ne voulait plus vivre que dans la compagnie des anges de Dieu. Ce qu’elle touchait de ses doigts et ce qu’elle embrassait dans l’extase, c’était le divin idéal dont son éphémère roman ne lui avait montré que le mirage, mais qu’elle ressaisissait maintenant avec une sorte de passion dans sa réalité mystique. Quand l’aube commença de poindre au dehors, elle était encore agenouillée là, sommeillant sur les pieds blancs de Celle qui est la mère du genre humain.

Au jour, elle se réveilla brisée d’une fatigue physique et morale sans nom. Le flot de ses larmes s’était tari avec l’apaisement du court sommeil qu’elle avait eu, et elle était devenue plus clairvoyante dans un calme plus douloureux. Elle se dépouilla tranquillement de cette joyeuse robe de fête à laquelle étaient attachés tant de souvenirs, le symbole dans son esprit, désormais, du doux sentiment qui avait parfumé ses premiers jours en France, et auquel il lui fallait dire adieu. Elle se coucha quelques heures, mais bien moins pour dormir encore que pour penser, car son âme vitale, si rebelle au découragement, voulait lutter. Et elle