Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/199

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Le soleil se leva : elle en sentit la tiédeur nouvelle au travers des vitres et des rideaux ; il baigna ses yeux endoloris des larmes de la nuit, de sa lumière atténuée par l’étoffe. Elle se rappela les campagnes splendidement évoquées dans l’Histoire d’Herménégilde, et elle fut soudainement prise d’un besoin maladif de fouler la mousse, de respirer l’odeur âpre des écorces détrempées et les parfums de la terre ; et, toute pleine d’un projet qui venait de lui éclore, elle se leva vite.

Quelques instants après, vêtue d’une robe sombre dont personne, sauf Vittoria, ne devait comprendre le triste sens de deuil, elle allait trouver sa voisine Gertrude, la seule de ses compagnes qui, à cause de sa silencieuse placidité, ne la blessât point dans le moment — peut-être aussi s’orientait-elle naturellement vers celle-là, parce que son cœur, rempli de chaudes affections familiales, ressemblait au sien —, et elle lui demanda :

« Voulez-vous que nous allions nous promener toutes deux ? J’ai soif de campagne, d’arbres, de solitude, Gertrude ; il y a près de nous le bois, le grand bois où l’on trouve des coins si jolis ! venez-vous, dites ?

— Comme vous voudrez, répondit Gertrude, j’écrirai tantôt. »