Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/200

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Et, profitant de la liberté que la pension du Sphinx, à cause de sa nature, devait nécessairement donner à ses élèves étrangères, elles partirent toutes deux, la blonde Belge sereine, et simplement habillée comme une béguine ; Annette, sous sa petite robe sévère, coiffant la demi-excentricité de ses cheveux touffus d’un étroit chapeau sans nulle coquetterie.

Elles marchèrent longtemps sans rien se dire, de leur pas vif et nerveux de jeunes filles vigoureuses ; elles gagnèrent le bois où elles traversèrent, sans ralentir, les allées mondaines encombrées, jusqu’à ce qu’elles eussent atteint la solitude.

Alors, sans s’être averties, elles se mirent ensemble à l’allure lente de la vraie promenade. De tous côtés, elles étaient entourées de troncs géants, dont la vieille écorce se redorait au soleil comme pour un été ; ils avaient tous l’air d’Êtres bien personnels, avec leurs attitudes diverses, leurs grands bras dépouillés qui faisaient une caresse ou une menace, leurs puissants corps orgueilleux ou protecteurs, selon la courbe qu’ils avaient prise en poussant.

Seulement, Annette avait compté sans son âme trop vivement humaine que la sommeillante et