Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/205

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de la nourrice, l’air malicieux du petit satisfait, et sa propre maladresse qui laissait la voiture dessiner ses zigzags sur le sable. Mais, peu à peu, elle se faisait au mécanisme ; elle gagna bientôt une grande distance sur la nourrice et Gertrude, qu’en se retournant elle voyait maintenant, de loin, causer avec des mines attendries en la regardant.

« Comment vous appelez-vous ? demanda tout à coup le gamin, sa petite tête pâle renversée en arrière pour regarder sa conductrice.

— Annette.

— Annette ? Ah ! c’est que vous avez l’air d’une bonne fille, mademoiselle Annette ! Vrai, vous ne rechignez pas comme nourrice pour me conduire où je veux. »

Et il riait après en dedans, sentant bien qu’il avait dit là quelque chose de plaisant, et n’ayant guère d’autres distractions que de montrer son petit esprit bizarre aux grandes personnes qu’un sentiment unanime de pitié et d’intérêt amenait perpétuellement autour de sa voiture de misère. Et Annette continuait sa course sans songer à la fatigue, sentant une paix intérieure délicieuse l’inonder. Elle ne regardait plus les physionomies des grands arbres, ni le printemps qui commen-