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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/216

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regardez comme il est tranquille, comme sa petite respiration va bien ; se douterait-on qu’il est malade ? »

Ils se penchèrent tous deux avec une tristesse dont ils ne voulaient pas convenir, et l’examinèrent longuement. Il avait la peau tendre et diaphane sur les tempes, qui laissait voir le réseau des veines ; puis le front blanc comme de l’ivoire paraissait une enveloppe si fragile à cette pauvre petite flamme d’existence qui brûlait là, intermittente ! Les paupières mêmes étaient si fines, qu’on aurait cru que, baissées, elles laissaient transparaître les yeux. Mais il y avait une force inouïe quand même dans ce corps émacié ; une force de vie qui battait à grands coups dans le halètement régulier et normal de sa petite poitrine.

Et c’était étrange de voir cet homme et cette jeune fille qu’aucun lien n’unissait, absorbés tous deux dans cette contemplation, muets, avec un sentiment unique : le souci de l’enfant malade. Ils partageaient la même crainte, la même douleur secrète, et aussi une pareille espérance indéracinable qu’ils vaincraient la mort ; et ils ne se disaient rien, dans la conscience irréfléchie de se comprendre quand même. Si bien qu’après, quand