Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/217

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ils se redressèrent, en se regardant ils éprouvèrent qu’une amitié solide était venue entre eux, plus intime, plus grave et plus étroite qu’après une camaraderie de plusieurs mois.

« Moi, je crois qu’il se guérira », dit Annette, traduisant la conclusion de leurs pensées à tous deux.

Maréchal secoua les épaules.

« Quelle énergie fera jamais revenir la santé dans un petit corps à moitié détruit ? dit-il sans oser lui exprimer son espoir.

— Ogoth croit que c’est possible, moi je suis sûre que vous le sauverez. »

Puis, juste comme elle avait dit cela, évoquant en elle-même des idées de traitement fabuleux, de médication puissante, de voyages, de consultations, le recours aux hommes et aux choses, toute la série des efforts qu’on tente pour arracher ceux qu’on aime à la mort, elle se souvint que les deux frères étaient pauvres, qu’ils vivaient modestement avec leur vieille nourrice, épuisant une très petite fortune dans les soins à donner l’enfant, et elle comprit la difficulté de la guérison, l’insuffisance des moyens, l’impuissance de l’aîné. Et elle eut envie de lui dire de suite : « Donnez-le-moi ». Puis cette idée lui parut aus-