Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/218

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sitôt si extravagante, si impossible à exprimer, qu’elle se tut encore, désolée.

Et ils revinrent côte à côte pour retrouver la vieille bonne, après s’être disputé un moment l’appui de la voiture. Lui, ne voulait pas laisser à Annette cette fatigue. Elle, reprenait :

« Vous comprenez bien qu’on ne me regardera pas du tout, tandis qu’on n’aurait d’yeux que pour voir un jeune homme de bonne famille remplir cette fonction-là ; laissez-moi donc, allez, monsieur Maréchal. »

Cette raison donnée, sans la recherche d’une phrase, avec la limpidité de son grand regard teinté de bleu sombre, lui avait clos les lèvres. Il n’avait pas insisté, lui répondant seulement avec la simplicité qui écartait d’eux toute idée de gêne :

« C’est vrai, mais nous aurions rencontré si peu de monde ! »

Dans le trajet, la secousse d’une pierre fit ouvrir les yeux d’Étienne ; son frère et Annette furent aussitôt à ses côtés, l’un à droite, l’autre à gauche de la voiture. Alors, il sourit encore, trop endormi pour parler, et prenant leur main à chacun, dans ses petites mains longues d’infirme, il se mit à les balancer dans un geste bien