Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/219

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enfantin, en continuant son sourire silencieux qui allait de l’un à l’autre.

À la fin il dit, sans qu’on comprît quelle idée passait par ce petit cerveau :

« C’est bien cela, c’est bien. »

Quelques minutes après, quand Annette les quitta pour aller rejoindre ses amies, Maréchal lui glissa à l’oreille :

« Je respire enfin ! Mais croiriez-vous que, chaque fois qu’il dort, j’ai le frisson de ne pas le voir ouvrir les yeux ! »

Le petit Étienne avait aussi son secret.

« Plutôt que de venir le matin, viens donc le soir, Annette, lui dit-il ; le matin, on n’a pas le temps. »

Quand elle rentra avec Gertrude et les deux misses Allen, elle aperçut de loin, à travers la grille, la silhouette de Vittoria adossée au socle du sphinx dans le jardin, et l’impression presque pénible, au moins mélancolique, qu’elle éprouvait maintenant, chaque fois qu’elle voyait la signorina, la reprit. Elle savait le fond de son cœur lu et relu par cette indéchiffrable fille ; elle s’était ouverte à elle, malgré soi, presque par surprise ; l’Italienne avait été le témoin indiscutablement mal choisi de sa peine, de sa désillusion, et sur-