Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/220

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tout, elle connaissait les replis désavantageux de l’âme de Nouvel, dont, par un indéfinissable sentiment qui tenait bon dans son cœur, Annette aurait voulu que tout le monde fût enthousiaste.

Nelly et Frida, dans leurs fourrures fauves, passèrent devant ; Gertrude entra ensuite, mais sur un signe de Vittoria Annette était restée dans le jardin.

Qu’y a-t-il encore ? demanda-t-elle avec une nuance d’humeur inaccoutumée dans son visage.

— Il est là, dit Vittoria ; il déjeune ici. C’est le jour… »

Annette se sentit tout de suite glacée d’un froid de fièvre ; elle remercia l’Italienne et se rendit dans sa chambre, en courant, de peur d’être amenée de suite en présence de l’écrivain. Une fois seule, elle se jeta le visage contre son lit, dévorée du besoin d’échapper à cette heure terrible, à la seule vue de celui qu’elle avait aimé, d’échapper même à toute action, à toute parole, dévorée du besoin de ne plus exister un moment.

Car l’instant était venu de cet acte qu’elle avait décidé sans délibérer, l’acte qui séparait à jamais sa vie de cette autre grande vie si admirée, l’acte qui ferait pour toujours un étranger, un hos-