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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/221

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tile, de cet André Nouvel vers lequel elle avait si tendrement laissé aller son cœur.

« Oh ! si je disais oui !… si je consentais ! pensait-elle. Être sa compagne, faire sa vie heureuse, lui apporter le bonheur et le succès qui l’ont laissé ! n’être pas aimée, mais l’aimer ! »

L’aimer : la pauvre Annette ne s’apercevait pas que c’était maintenant un sentiment mort qu’elle s’efforçait de ressusciter pour le souvenir des joies d’autrefois. Elle ne l’aimait plus, ce Nouvel ! Il avait même cessé d’exister, celui des semaines passées, celui qu’elle avait rêvé, celui de Blés mûrs. Elle avait aimé une chimère : ce n’était plus que l’homme égoïste et décevant qui venait maintenant à elle.

Et toute l’affligeante réalité de ce revirement dans son cœur lui apparut quand il lui fallut descendre au salon, et qu’elle se trouva, tremblante, devant le dieu d’autrefois. De tout ce qu’elle avait cru de lui, de tout son talent, de toutes les délicatesses prêtées, il ne lui restait plus rien, rien que son insolent bonheur épanoui sur ses traits de beau brun, et les paroles de Vittoria.

Sur la table, le bleu d’un télégramme ouvert attira de suite ses yeux troublés. Ils étaient seuls là, Mme de Bronchelles et lui, avec des sourires