Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/222

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complices et des mines gênées. Annette s’avança sans force, sans oser lui tendre la main.

« Mademoiselle Annette, dit-il d’une voix infiniment caressante, j’ai quelque chose à vous demander, et c’est si difficile, et je crains tant, que je n’ose pas parler. »

Par une étrange perception, bien plus que les mots qu’il lui disait, Annette entendit ceux que Vittoria avait prononcés, et qui lui revenaient nettement en mémoire : « Quand vous lui aurez donné tout cela, votre fortune, votre particularité, votre esprit dont il a besoin, peut-être vous accordera-t-il que vous êtes agréable. » Et elle sentait le mensonge de cette voix, de ces paroles, de tout cet homme inconscient de ce qu’il commettait.

« Mais, poursuivit Nouvel, lisez cette dépêche qui vient de la Martinique et dites-moi si vous comprenez. »

Consentement tout donné, disait le télégramme, admire profondément mon gendre et l’accepte Maviel. »

Annette n’avait pas desserré les lèvres jusqu’alors ; son visage blême sous le fard bronzé de son teint se décolora tout à fait. Elle demanda froidement :

« Qui est ce gendre, Monsieur ?