Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/225

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

« S’il y a encore un peu d’espoir, c’est dans vos mains que je le laisse ; vous lui direz ce que je ne peux pas lui dire. Si un miracle est possible, votre amitié le fera. Écrivez-moi demain de revenir ou… de ne pas revenir.

— Mon pauvre ami, lui dit-elle dans l’entrebâillement de la porte, je suis désolée que cette enfant vous ait causé ce chagrin. »

Il sortit dans la fureur d’être ridicule ou pour le moins piteux. Et il fallait être en effet cet homme de talent, qui avait épuisé toute la volupté du succès, de la réussite brillante, de la célébrité, pour éprouver ce qu’il ressentait à voir l’hommage si flatteur de son nom hautainement repoussé par cette toute jeune fille. Sans être vaniteux, il savait sa valeur, et ce n’était pas à cette réponse-là qu’il s’attendait. Il faisait pourtant effort pour avoir bonne mine. Dans le jardin, il salua distraitement Vittoria qui n’avait pas pu résister au plaisir de le voir passer, et qui comprit, en l’observant, que l’incident était clos.

Pour Mme de Bronchelles, elle revint vers Annette qu’elle retrouva à sa place, assise, les deux mains croisées sur ses genoux.

« Annette ! » appela-t-elle sévèrement.

La créole ne fit pas un mouvement.