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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/226

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« Annette ! » dit-elle une seconde fois avec plus d’impatience.

Alors, Annette eut deux ou trois sanglots qu’elle retenait depuis une heure ; elle fondit en larmes, et se jeta avec un geste de petite fille dans les bras de Mme de Bronchelles.

« Ne me grondez pas, ne me grondez pas, supplia-t-elle, je vous demande pardon, mais je ne veux pas me marier, voyez-vous, je suis trop riche, je ne peux pas. Vous me prenez pour une enfant, mais croyez-vous que je n’ai pas réfléchi dans ma vie ? croyez-vous que je ne sais pas que j’ai du sang noir dans les veines, qu’on a toujours une répulsion pour moi, et que ce défaut d’hérédité qui m’a chassée de mon pays ne peut passer, en France, qu’à cause des huit millions de ma dot ? Oh ! je suis devenue bien vieille, allez ! je connais les hommes, je sais ce qu’ils valent, et je ne veux pas me marier ; ne me tourmentez pas pour cela ! »

Ce désespoir adoucit subitement le reproche que Mme de Bronchelles préparait. Elle lui représenta, en toute sincérité, l’attrait qu’avait au contraire pour Nouvel la singularité de son type ; l’amour qu’elle lui croyait pour elle ; elle alla jusqu’à parler de son désintéressement et du chagrin