Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/229

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née illuminer sa solitude tiraient tout leur charme de sa grande amie, qu’il aimait avec un enthousiasme tendre d’enfant sans mère.

En mars déjà, les jours deviennent longs. Étienne n’aimait rien tant que rester encore sous les arbres quand le jour s’assombrissait, et que la demi-lueur traînait ainsi, longtemps, jusqu’aux premières étoiles. La nourrice objectait qu’il faisait humide ; mais certains jours aussi, où il sortait de terre une chaleur prématurée qui fendait les bourgeons et paraissait saine à respirer, ils continuaient de se promener tous les trois.

« Tu ne sais pas ? dit un jour Étienne à Annette, l’ami Nouvel est venu nous voir ce matin ; c’était pour dire adieu à Henri, car il va faire un grand voyage. Je les entendais causer tous les deux sans savoir ce qu’ils disaient. C’est lui qui était de mauvaise humeur ! et Henri aussi était tout drôle ; il disait à l’ami Nouvel : « Je ne te plains pas absolument, tu n’as que ce que tu méritais. » Tu ne sais pas, Annette, moi, je crois que c’est la pièce qu’il a faite et qu’on n’a pas trouvé jolie qui lui trotte par la tête, n’est-ce pas ?

— C’est probablement cela », répondit Annette troublée.

Et elle pensait à cette discussion dernière des