Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/230

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deux amis, où son refus avait dû être commenté à plaisir, où l’écrivain avait dû épancher son inévitable rancune contre elle, et où Maréchal l’avait sûrement défendue, car elle le savait loyal et délicat, et elle sentait sa sympathie tendre à elle. Et c’était un ineffable soutien moral de penser que, parmi tous ceux qui ignoraient ou blâmaient sa conduite, quelqu’un l’approuvait.

Une autre fois qu’elle et ses compagnes étaient venues le voir en bande, depuis Ogoth jusqu’à Giuseppa, Étienne lui fit signe, d’un geste important, qu’il avait à lui parler en secret. Comme elle s’approchait.

« Dis donc, demanda-t-il à voix basse, c’est-il vrai que tu t’appelles Café au lait ? »

Annette ne put s’empêcher de rire.

« Mais oui ; on s’amuse à me donner ce nom-là. Qui t’a dit cela, Tiennot ?

— C’est Henri, répondit le petit. Il était tout à l’heure le nez dans ses livres, à travailler, et il m’a dit tout d’un coup : « Tu vas la voir encore aujourd’hui, toi, Café au lait ». Moi, je ne savais pas ce qu’il voulait dire ; alors il a repris : « Mlle Annette ». C’était toi qu’il appelait comme cela, et il m’a expliqué que c’était Giuseppa qui avait trouvé le surnom. C’est drôle, n’est-ce pas, Annette ?