Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/233

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

cependant, n’est-ce pas ? il se fortifiait, il reprenait un peu d’appétit ; maintenant, voilà une nouvelle secousse… »

Sa taciturnité le quittait dès qu’il causait de l’enfant. Il parlait alors sans timidité, sans réserve ; il disait tout, ses craintes, ses vagues espérances, ses diverses sensations d’atermoiement devant la maladie. Il avait à cause de cela peu de camarades, les jeunes gens le trouvant ennuyeux, pleureur et ridicule avec son frère. Mais Annette, qui comprenait la délicatesse de cette passion fraternelle, l’écoutait religieusement.

« Il la surmontera encore cette secousse, monsieur Maréchal, vous verrez. D’abord, il me semble à moi qu’il y a des âmes qu’on retient dans leur corps à force de les aimer ; et nous l’aimons tant, vous et moi, ce petit ! qu’il faudrait une puissance épouvantable, quelque chose venu de l’enfer, pour nous l’enlever. Oh ! ce que vous pensez, je me le suis dit aussi : il est si frêle ! Mais je sens quand même qu’il vivra, que nous le verrons un jour marcher, qu’il deviendra un grand garçon solide. Je vous le promets, entendez-vous, je vous le promets. »

Il lui prit la main, en la regardant comme il n’avait jamais regardé une femme.