Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/236

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sérieusement, et sonder cette âme incompréhensible.

« Ma chère petite fille, lui dit-elle, un soir qu’elles étaient seules dans son grand cabinet ombreux si propre aux confidences, je ne voudrais pas que vous me preniez pour une grondeuse, et je voudrais encore moins vous tourmenter ; mais il faut pourtant revenir sur un sujet délicat et difficile, auquel vous désirez échapper, je le sens. Bien des jours ont passé depuis que vous avez causé à M. Nouvel la peine que vous savez. Il est maintenant dans le pays de Vittoria ; l’Italie, qui ne console pas toujours, paraît-il, a le don d’attirer quand même les gens qui souffrent. Mais vous, mon enfant, que je sais bonne et sensible, me direz-vous à présent pourquoi, sans raison, vous avez pris le droit de blesser un cœur comme celui-là, qui est de ceux dont on ne joue pas ? La fièvre où je vous ai vue le premier jour est passée. Vous demeurez mélancolique, qu’y a-t-il donc, dites-moi ?

— Madame, je vous ai dit la résolution que j’avais prise de ne pas me marier.

— Ma pauvre petite, à dix-huit ans on ne fait pas de ces vœux-là. Mais, si c’était tout de même une décision sérieuse, mon devoir m’obligerait à