Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/245

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petit portefeuille parfumé où dormait une fortune, et, redevenue rieuse et puérile maintenant que le bonheur était proche, elle prit le plus large parmi les billets, qu’elle déchiqueta au vent comme du pain qu’on émiette aux moineaux.

« Que faites-vous ! cria Maréchal.

— Ce que je fais ? mais ce qu’on fait d’un obstacle quand il s’oppose à votre bonheur, dit-elle en souriant ; on le détruit. Mon père m’a dit : « Dépense et sois heureuse ». Je veux être heureuse, moi, et je dépense. Qu’importe la façon ! S’il faut que tous y passent, ils y passeront, et s’il faut que j’y passe ma nuit, je la passerai. »

Puis soudain, plus tendrement :

« Si nous nous arrangions à l’amiable, au lieu de nous rendre malheureux tous les deux l’un par l’autre ? Si vous vouliez bien ne pas penser à l’obstacle, et m’inonder de joie en me rendant mon bien-aimé petit Étienne ! Oh ! j’ai deviné votre délicatesse, croyez-le. Vous allez me dire que je suis trop riche. Est-ce que je vous apporte, moi, un petit frère à aimer, à soigner, à guérir ? Allez, pensez bien que la meilleure de nos deux dots, ce ne sera pas moi qui l’apporterai. »

Il allait répondre. Un bruit de voix retentit derrière eux. C’était Ogoth qui revenait de l’hôpi-