Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/246

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tal, et qui avait rencontré tout le jeune bataillon du Sphinx ; sa longue robe noire, nimbée d’un reflet de soleil, en faisait une doctoresse hiératique. À sa droite et à sa gauche marchaient ses compagnes, qui étaient bien un peu toutes ses disciples ; les fulgurantes Ormicelli, les songeuses misses Allen, dont les cheveux légers frissonnaient au vent d’avril, et Gertrude qui préparait en silence le conte de fée du soir destiné aux petits frères.

Elles s’arrêtèrent toutes, stupéfaites de la métamorphose inattendue dans la brune figure de la créole.

« Ogoth, demanda sans préambule Annette, est-ce que le climat des Antilles ferait autant de bien au petit Étienne que celui de l’Algérie ?

— Au moins autant, répondit Ogoth, et, pour moi, davantage, parce que…

— Oh ! n’importe pourquoi, reprit Annette. Vous devriez l’y conduire, monsieur Maréchal. »

Puis elle courut à la voiture où l’enfant malade, ignorant de tout ce qui se passait, était toujours étendu, les yeux tristes ; et, prenant ses pauvres petites joues pâlottes dans ses deux mains, elle l’embrassa longtemps en murmurant :

« Appelle-moi maman ! »