Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/248

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mélancolique d’un vieil instrument brisé ; des gouttes de pluie, régulièrement, sur l’appui de la fenêtre battaient la cadence. Maria Ormicelli disait à l’aînée sa leçon d’histoire française ; le chant monotone de sa voix, sans les paroles, s’entendait à travers la muraille. Dans leur chambre là-haut, les deux misses Allen, inactives et rêveuses, ne bougeaient pas plus que deux fraîches et charmantes figures de cire ; Ogoth avait à l’hôpital une « opération ». Depuis un mois, nostalgique à la dernière période, minée de la fièvre des regrets, Gertrude Laerk était retournée vers la maman et les chers petits frères.

Mme de Bronchelles, à la hâte, traça sur une enveloppe l’adresse d’André Nouvel à Pise ; puis avec le geste d’une satisfaction extrême, cette aise qu’éprouvent les femmes très spirituelles à écrire quatre pages de lettre intime, elle s’arrangea, s’installa dans la pose spéciale qu’on aime pour son fauteuil, et tout d’un coup, sur le papier, sa plume partit comme d’elle-même.

« C’est à mon tour, grand philosophe, d’avoir le spleen, disait-elle ; ma villa me semble lugubre comme une ruine ! La chère petite fille est partie hier, et je ne peux me consoler ; ce n’est pas vous qui vous en étonnerez. Mais que j’ai peur, en