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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/249

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vous racontant, selon votre vœu, le poème dont ma maison a été le théâtre, que j’ai peur d’avoir la main lourde et d’offenser votre chagrin ! Enfin, puisque vous le voulez et qu’il me faut vous le dire, je viens d’assister aux plus radieuses fiançailles que le soleil d’avril ait jamais illuminées. Annette était la grâce que vous savez, et votre ami Maréchal, le temps qu’il venait ici faire sa cour, m’est apparu avec la beauté morale d’un livre grave et réconfortant, qu’on ne se lasse pas de relire. Vous connaissez vous-même l’excès de ses scrupules délicats, puisqu’il n’a voulu, en quelque sorte, tenir le cœur d’Annette que de votre propre aveu, et qu’il était prêt, si tragique que fût l’occurrence, à sacrifier pour votre amitié son amour. Quand vous lui avez envoyé de Rome même, sous l’influence sereine des éternelles choses de là-bas, cette simple dépêche exempte de littérature, mais qui est bien la plus exquise phrase et le plus joli roman que vous ayez écrits : « Je t’ordonne d’épouser Annette », il est venu, tout blême d’émotion, m’apporter le papier bleu. « Oh ! ce Nouvel ! m’a-t-il dit, ce « Nouvel, quel ami ! » Il n’a rien ajouté de plus ; mais, dans la bouche du laconique garçon, vous concevez ce que cette exclamation signifiait d’en-