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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/251

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comme je pensais qu’il le ferait, et dans un an d’ici, pourvu que les choses suivent leur cours, le Normalien sera devenu planteur. Le petit malade est pris d’un mieux subit qui déconcerte tous les médecins ; figurez-vous cette chose inimaginable, qu’hier je l’ai vu debout, marchant avec deux jolies petites béquilles d’ébène qu’Annette lui avait achetées. « Il fait une cure de joie », dit Ogoth Bjoertz.

« Vous me demandez, à propos, ce que devient ma belle doctoresse dont la vision noire et blanche, le souvenir à demi monacal vous poursuit, me dites-vous. Le titre de doctoresse est presque ironique dans la circonstance, puisqu’elle ne l’a pas obtenu en effet, et qu’elle ne l’obtiendra jamais… Oui, tâchez d’imaginer ce fait inconcevable qu’aucun de nous n’aurait soupçonné. Ogoth renonce à la médecine ; cette créature impénétrable, cette jeune statue pensante qui avait, depuis des années, vécu d’une idée unique, d’un rêve, si je puis employer ce mot nuageux à propos d’une personne qui n’a jamais que « réfléchi » ; cette statue pensante a pris son rêve entre ses doigts énergiques, et délibérément l’a brisé. Elle m’a expliqué sa détermination dans un raisonnement d’une éblouissante clarté. « N’y