Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/252

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voyez pas, m’a-t-elle dit, un mouvement de dépit ou d’humeur ; la chose revient à ceci : Femme, je dois, pour conquérir mon rang parmi mes confrères masculins, apporter contre les préjugés l’argument des diplômes, des distinctions spéciales, et gagner en autorité universitaire ce qui me manque en autorité virile. L’échec que j’ai subi est l’échec même de ma carrière, puisque je ne puis renouveler l’effort tenté. — Pourquoi ? ai-je dit. — Parce que, m’a-t-elle répondu, la fortune minime de mes parents ne me permet pas de prolonger mes études au-delà de certaines limites rigoureusement fixées d’avance. »

Ainsi, mon cher André, cette orgueilleuse fille que vous appeliez Sémiramis, tant la grandeur et la force émanaient d’elle, Sémiramis est pauvre ; il faut peut-être voir là le secret de ses robes noires. Un soir que nous causions toutes deux — elle me paraissait si noble, si haute plutôt que hautaine, — je fus touchée par l’antithèse entre sa personne et son rang social : « Pourquoi ne m’avoir pas dit, Ogoth », fis-je presque timidement, « pourquoi ne m’avoir pas dit que vous étiez sans fortune ? — Pourquoi ne me l’avoir pas demandé ? » m’a-t-elle répondu avec ce sourire que vous lui connaissez, et qui déconcerte à force de simplicité.