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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/262

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échafauder mille souhaits de bonheur juvénile sur cette jeune tête trop experte en tristesses ; mais un mot d’Ogoth devait la distraire :

« Je me fais un vrai plaisir de voir M. Nouvel. »

Que voulait dire strictement cette phrase ? Mlle Bjoertz pensait-elle seulement ce qu’elle disait ? ou n’y fallait-il pas voir plutôt une intention aimable de sa courtoisie usuelle ? « Ah ! belle énigme ! songeait Mme de Bronchelles, si tu pouvais savoir que c’est pour toi qu’il quitte en plein voyage le plus délicieux pays du monde, si tu te savais plus inquiétante dans ta quiétude de sereine Scandinave, que toutes les choses troublantes, les éternels tombeaux de l’âme des nations que sont les ruines, prendrais-tu dans le même flegme ton verre entre tes lèvres froides pour y boire la méthodique gorgée fraîche que l’individu sain doit absorber entre chaque mets ? Encore, qui sait ! Peut-être n’y trouverais-tu, toi que rien n’étonne, que la simplicité d’une chose normale, et ce mot-là pourrait se trouver être la clef du problème vivant que tu fais : tu es une simple, et c’est nous qui ne le sommes pas. »

Ogoth, ayant posé le verre d’eau claire où elle venait de boire, poursuivit :

« C’est un plaisir que de causer avec lui, et sa