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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/264

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tion, en lui narrant cet épisode à la fois menu et significatif. On était enfin revenu dans le joli salon de l’écrivain dont la pension du Sphinx était la gaîté. Annette manquait, il est vrai, et Maréchal avec l’infirme ; et l’on avait bien eu d’abord le cœur un peu serré quand on s’était retrouvé tous ensemble, et que dans chaque esprit s’était levé le souvenir des absents qu’on ne reverrait plus jamais sans doute. Mais il y avait une telle force de joie dans tant de jeunesse, un tel afflux d’esprit et de vie dans le cerveau puissant de Nouvel, que ces influences combinées avaient vite remis de l’entrain dans l’air. Il n’était pas jusqu’à la vieille maman du grand homme qui ne fût tout égayée d’avoir revu « son cher enfant » ; elle avait entraîné les Italiennes au piano. « Chantez, chères petites, disait-elle, chantez donc des airs populaires de chez vous ; cela lui fera plaisir de les reconnaître. »

L’adroite Vittoria, qui n’entendait point charmer les loisirs sacrés du maître de céans, se déroba souplement :

« Giuseppa, mon gamin, imite donc les cris de la rue que tu fais si bien. »

Et tout le monde était venu en cercle autour d’elle ; Frida et Nelly, les mains jointes sous le