Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/265

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menton, s’étouffaient discrètement de rire ; les deux jeunes géantes aux cheveux couleur de bois riaient aussi, sans rien comprendre, de voir la gaieté des Anglaises et la drôlerie de Giuseppa ; Ogoth, qui ne savait point perdre son temps, souriait indulgemment à ces aimables inutilités, mais elle avait tiré de sa grande poche noire un petit lexique français-allemand, et elle s’évertuait, en y montrant des mots, à faire entendre aux jumelles la signification de cette hilarante comédie. On entendait, à l’autre bout du salon, les « ya » timides et reconnaissants des étrangères.

C’était à cet autre bout du salon qu’André Nouvel, en passe de confidence, s’était approché de Mme de Bronchelles, et que tous deux parlaient d’Ogoth.

« Vous voyez bien, continuait l’écrivain, qu’elle est pleine de pitié pour ces petites Teutonnes, qu’elle les initie, et avec quelle douceur, aux moindres détails capables de les distraire. Pédante, elle ? jamais ! mais bonne, très bonne, je vous le dis. Savez-vous même qu’elle me touche beaucoup, savante comme elle l’est, pétrie de connaissances que ni vous ni moi ne soupçonnons, le cerveau fait comme un livre de pathologie, de s’abaisser à l’ennuyeux souci d’épeler des